Nous débutons notre périple javanais par l’Est de l’île, qui est au passage la plus peuplée au monde : 130 millions d’habitants répartis sur 139 000 km². Comme à Bali, nous tentons tant bien que mal de prendre les transports en commun pour nous rendre à notre hôtel dans la montagne, à une vingtaine de kilomètres du ferry que nous venons d’emprunter entre Gilimanuk (Bali) et Ketapang (Java). Nous réussissons après moult négociations à prendre un angkot jaune, minibus public local ! Arrivés à Licin, nous débarquons dans un hôtel complètement vide mais au cadre agréable, au cœur des plantations. Nous réservons notre jeep pour le lendemain pour rejoindre le volcan Kawah Ijen. Départ prévu à 4h du matin ! Trop tard pour le lever du soleil (et oui, il se lève à 4h30 le bougre !). Licin est située à 17 km du parking du Kawah Ijen, point de départ de l’ascension du volcan. Nous mettons 1h pour rejoindre ce point, tant la route est difficile ! Même notre jeep a dû mal à rouler sur des pistes trouées de partout, c’est folkorique. Nous arrivons à 5h, il fait jour, et il est temps de poursuivre à pied !
Un spectacle à couper le souffle vs la souffrance des porteurs
Il faut dire que leur travail est le plus pénible que nous ayons pu observer. Ils parcourent 6 km aller-retour, dans des pentes terreuses et glissantes ou dans un labyrinthe de cailloux. Si à l’aller leurs paniers sont vides, au retour, ils portent plus de 60 kg sur le dos. Ils ont des cicatrices sur les épaules, leur corps est déformé. Ils sont tous plutôt petits et maigres et on se demande bien comment ils peuvent y parvenir ; nous même n’avons pas réussi à soulever un panier pour le mettre sur l’épaule. Pourtant, plus d’une centaine d’hommes le font chaque jour, pour 1 500 roupies par kilo, soit à peine plus d’un euro. En rapportant deux fois 60 kg par jour, ils peuvent donc espérer gagner 180 000 roupies : 15 euros… Inutile de dire qu’ils ne vivront sans doute pas vieux. Nous débutons notre ascension par 2km de chemin de terre, la plupart du temps en montée raide, dès 5h du matin ça réveille..! Arrivés sur la crête du volcan, on peut finalement apercevoir une roche de couleur marron mêlée à du gris clair. Un peu plus loin, on commence à distinguer l’intérieur du volcan : un cratère gris, avec au milieu un lac cyan et des fumées jaunes. Selon l’orientation du vent, on sent une odeur d’œuf pourri. Mieux vaut avoir avec soi un masque ou un foulard, car lorsque vous vous prenez le nuage de soufre en plein visage, cela devient irrespirable. Pas seulement pour l’odeur, mais parce que cela vous brûle tout simplement la gorge, vous toussez. Une fois sorti du nuage de fumée, vous respirez à nouveau beaucoup mieux. Mis à part cet aspect désagréable, le spectacle est magnifique. Il est normalement interdit aux touristes de descendre dans le cratère mais tous le font, poussés et accompagnés de leurs porteurs. C’est aussi pour cette raison qu’ils demandent un petit quelque chose à l’arrivée. La descente est un peu périlleuse, mais il suffit de prendre son temps. D’autant plus que l’on croise des porteurs de soufre aux paniers chargés, et qu’il faut leur laisser le passage libre. Ça et là, ils déposent leurs paniers sur des rochers le temps d’une pause. Partout, des traces jaunes demeurent sur les pierres. Tout en bas du cratère, près du lac, de gigantesques tuyaux ont été installés pour acheminer le soufre. D’énormes nuages de fumée s’en dégagent non-stop. A terre, on peut voir du soufre à l’état liquide, de couleur orange. Lorsqu’il refroidit, et durcit, le soufre devient jaune pâle. Si l’eau est d’un beau bleu, vous ne vous y baignerez pas ! L’eau se mélange au soufre et la température y est très élevée, il s’agit de l’un des lacs les plus acides du monde… Nous, touristes, avons déjà toutes les peines du monde à monter puis à descendre le Kawah Ijen, mais quand on observe tous ces hommes, on oublie tout et on fait preuve d’un peu de courage, après tout pour eux c’est bien pire, ils le font chaque jour. D’ailleurs, vous regardez, estomaqués, les porteurs de soufre réaliser ce trajet chargés comme des mules et ce bien plus vite que vous. C’est vraiment fou ! Si le spectacle du cratère est hallucinant, le va-et-vient de ces hommes l’est tout autant.
Certes, le Kawah Ijen coûte un peu d’argent. Il faut d’abord s’y rendre en jeep car la « route », dans un état désastreux, est impraticable à tout autre véhicule. Ensuite il faut payer l’entrée, le droit de prendre des photos, les porteurs etc., mais le voyage en vaut vraiment la peine, croyez-nous !
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4 commentaires
Vu aujourd’hui au HAB (Hangar à bananes) de Nantes, une expo de différents artistes avec une vidéo du Kawa Ijen par Darren Almond : http://www.royalacademy.org.uk/exhibitions/gsk-contemporary-season-2009/exhibition/darren-almond-bearing,119,MA.html
Intéressant avec un plan semi subjectif, la version complète de 35 minutes montre bien la pénibilité de la tache.
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Bonjour !!
quel magnifique voyage ! vous faites rêver !!
combien vous a couté » l’excursion » à Kawah Ijen ?