Vivre et voyager différemment : qu’en pensent les autres ?

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Habituellement, on part en vacances dans des pays au même niveau de vie que le notre ou inférieur pour pouvoir en profiter. En Australie, c’est l’inverse : nous étions des nomades dans le second pays le plus riche du monde au niveau du PIB par habitant. Et bizarrement, ça fait beaucoup de bien de se retrouver « moins que rien » alors qu’on avait une situation. Ça prouve que rien n’est acquis, et qu’on peut aussi s’en sortir en vivant simplement, sans fioriture.

Ne pas être comme tout le monde

Toilette dans la nature en Australie

Se brosser les dents en plein air !

Bien que la situation ne soit pas vraiment comparable, nous nous sommes quelque part un peu mis dans la peau du pauvre sur le trottoir que personne n’ose regarder, par impuissance, par gêne, pour ne pas troubler le peu d’intimité qu’il a, ou par projection de nos propres peurs de se retrouver dans cette même situation, occulter cette dure réalité qu’est la misère. Le regard de l’autre quand on est différent est quelque chose de difficile à accepter au début. Mais en définitive, c’est une expérience géniale quand on l’a choisi et qu’on ne le subit pas, puisqu’on voit réellement le comportement des gens face à la différence. Habituellement, comment vous comportez-vous quand vous voyez un pauvre sur le trottoir ? Évitez-vous son regard, donnez-vous des pièces de temps en temps, est-ce que vous répondez au bonjour qu’il vous lance ? Quand vous croisez un handicapé, êtes vous plutôt du genre à ne pas le calculer et le considérer comme une personne comme une autre, à vouloir l’aider même s’il n’en a pas besoin ?

Tout le monde n’a pas l’occasion de vivre ce genre de scènes du côté de celui qui est exclu. La majorité des gens qui liront ses lignes ne sont pas dans une situation d’exclusion. Et bien nous, nous l’avons vécu à notre manière, en ne vivant pas comme tout le monde pendant quelques mois. Posez-vous les questions suivantes :
– Quelle serait votre réaction si nous venions garer notre van devant chez vous pour y dormir ?
– Que penseriez-vous si en promenant votre chien à la plage, vous passiez à côté de nous, nous lavant aux douches de plage ouvertes à tous ?
– Oseriez-vous nous dire « bonjour » ou simplement nous regarder si, en allant vous garer sur le parking d’un supermarché, vous nous voyez prendre notre déjeuner le coffre ouvert, vue sur notre « cuisine » ?
– Que vous diriez-vous si en vous rendant au parc faire votre footing, vous nous trouvez en train de nous laver les dents ou faire la vaisselle ?

Le regard des autres en Australie

Réveil à l'arrière du van

Réveil à l’arrière du van

C’est autant de situations que nous avons vécu, qui au début gênent beaucoup, il faut l’avouer. Que vont penser ces gens de nous ? Vont-ils nous poser des problèmes ? Est-ce d’abord bien légal de faire ça ? Puis, petit à petit les peurs s’estompent, voyant que les remarques ou regards négatifs sont très rares comparés à l’ignorance. Il faut dire qu’en Australie, les gens sont plus habitués à ces nomades, et qu’ils sont plutôt ouverts pour aller taper la discussion à son voisin, fût-il dans un van pourri. Les réactions ont été différentes entre les villes et les campagnes, les endroits où il y avait plein de gens comme nous et ceux ou il n’y en avait pas, entre les états aussi. Ce qui est sûr, c’est qu’au final on a reçu bien plus de sympathie que d’antipathie. Au pire on nous regardait un peu de travers, comme stupéfait. Au mieux, on venait nous taper la discute, certaines fois même nous offrir du poisson tout frais pêché ou de gentilles attentions ! Le tout est de ne pas avoir honte de vous et de ce que vous faites, vous ne faites rien de mal. Soyez souriants, dites bonjour aux gens. C’est très drôle de voir les gens vous scruter quand vous avez le dos tourné, et qu’en vous retournant vous lanciez un grand sourire en saluant les gens. Là, ils sont coincés entre le « merde j’suis grillé j’étais en train de mater j’ai un peu honte » et « bon faut que je réponde à son gentil bonjour ». Ils se retrouvent désarçonnés par le bien que vous leur envoyez alors qu’eux étaient en train de vous juger ! En tout cas, certains ont des réactions extrêmement bizarres, mais très drôles ! Des japonais sont par exemple venus se prendre en photo autour de nous le coffre ouvert.

En France ?

Globalement il faut bien l’avouer, les gens s’en foutaient pas mal de nous. Et on n’en demandait pas plus. C’est assez frappant quand même, j’avoue qu’en France j’aurais certainement été un peu étonné de voir un type camper sur un parking, ici globalement ça n’avait pas l’air de les choquer plus que ça. Peut-être peut-on l’expliquer par leur attitude cool « no worries », par le fait que dans les pays anglo-saxons on va moins au conflit que dans les pays latins, ou encore que c’est quelque chose de commun ici, difficile à dire. Nous nous sommes vraiment posé la question : « comment les gens réagiraient en France ? » C’est pour l’heure difficile à dire, en 7 mois de voyage autour de France nous serions bien tombés sur un con ou deux ne supportant pas notre mode de vie différent, là ce n’est pas arrivé, par chance peut-être. Il faut dire que dans le désert, à part les kangourous, peu de gens vont se plaindre de vos brossages de dents intempestifs.

La ville, un milieu si étranger

Psychologiquement, le plus gros décalage entre nous et les autres avait lieu en ville. En journée, en visite, de l’extérieur nous n’avions pas l’air vraiment différents des autres. Pourtant nous, on ne se sentait vraiment pas comme tout le monde. Nous ne nous demandions pas : « est-ce que ma femme est bien allé à la sortie de l’école chercher les enfants ? », « il y a quoi à la télé ce soir ? », « est-ce que je vais être en retard au boulot ? » mais « où est-ce qu’on va pouvoir squatter et dormir tranquille ce soir sans être emmerdés par les voisins, les rangers, le bruit ou la pluie ? ». « Où est-ce qu’on va aller se faire à manger et se brosser les dents ? ». Au début, ces questions hantent vos après-midis de visite. A la fin non, car vous savez que quoi qu’il arrive vous trouverez un endroit pour manger et dormir. Vous parcourez les rues sans avoir l’envie d’acheter quoi que ce soit, puisque vous n’avez pour ainsi dire plus besoin de rien. De l’électronique ? J’ai pas l’électricité. Des fringues ? Pour quoi faire, je suis en short et en T-shirt toute la journée, j’ai pas de travail et je traîne la plupart du temps dans la campagne profonde. Des bijoux ? Encore pire ! Boutiques de meubles ? Ah oui, cette table Louis XVI trônera fièrement dans notre van ! Etc.

En définitive, on était souvent contents de retrouver la civilisation, mais on était aussi très content d’en repartir !

Et vous, comment voyez-vous ce mode de vie ? Seriez-vous prêts à vivre comme un nomade pendant quelques mois ?

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À propos de l’auteur

Webmaster du site Tour du Blog, je partage avec vous ma passion des voyages et de la photographie.
Si cet article vous a plu, retrouvez tous mes posts par ici : A propos de Pierre

3 commentaires

  1. Bonsoir,
    J’aime beaucoup ce regard sur la différence qui émane de votre article : inverser les rôles amène à se poser des questions…
    En tout cas je tenterai bien l’expérience nomade pour un voyage au long cours !

  2. Salut, je viens de tomber sur ton site, et par la même occasion quelques mois en arrière.
    Je poste juste un petit commentaire pour dire que des cons, moi j’en ai trouvé plus d’un. D’un lancé d’oeufs et de pierres en pleine nuit sur le van, à des gens qui appellent les rangers pour dénoncer notre bivouac « sauvage ».
    Méfie toi, j’ai voyagé avec des filles qui ont reçues une grosse pierre dans leur vitre arrière quand elles dormaient. Résultat, réveil difficile et des points de suture au rendez vous, donc retour en France, dégoutées de l’Australie !
    Mais à côté de ça, paysages magnifiques, gens sympas, etc… A FAIRE 🙂
    Bonne continuation !

  3. Salut Fabien et salut à Nathalie par la même occasion, désolé pour le retard dans la réponse ! Oui Nath c’est effectivement une belle expérience à vivre, ça permet de se remettre pas mal en questions et c’est plutôt pas mal !

    Merci Fabien pour ton commentaire, qui prouve bien qu’il n’y pas deux voyages identiques et qu’on ne peut jamais faire de généralités ! Tout dépend des rencontres et des imprévus. C’est sûr qu’on n’aurait pas écrit un tel article à ta place ou pire à la place des filles dont tu parles !

    Pour notre part après notre première rencontre avec des rangers (ou plutôt Neighborhood Watch, le shérif à la place du shérif), on a vraiment toujours tout fait pour être les plus discrets et planqués possibles. On était aussi aidés par un van blanc vraiment sobre qui de l’extérieur ne laisse pas forcément présager qu’il s’agit d’un van de backpack. Après quand on a un pop-top bien pratique ou des planches de surf sur le toit, c’est sûr qu’il n’y a aucun doute… 🙂

    Après c’est sûr que la malchance arrive. Pas de bol, t’es repéré malgré tes précautions parce que ben les gens de la rue où tu squattes savent que tu n’es pas d’ici, et re pas de bol tu tombes sur des méga cons qu’ont la haine contre toi sans te connaître et veulent soit te faire du mal ou au minimum bien te faire chier… Ce genre de cons existent partout malheureusement, nous à part cet abruti vraiment méchant de Neighborhood watch à Adélaïde on n’a pas eu à subir la mauvaiseté humaine, mais encore une fois chaque voyage est différent !

    Après c’est ça aussi l’aventure, les bons moments, les tuiles, ça fait partie du voyage !

    Salut !

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