Depuis mai dernier, je travaille conjointement avec l’Alliance Française de Melbourne, une association chargée de promouvoir la langue et la culture française. Chaque année depuis plus d’un siècle, celle-ci organise un concours dans les écoles de la région de Melbourne, appelé Berthe Mouchette, du nom de la créatrice de l’association. Cette compétition est simple, elle consiste à faire réciter de la poésie française aux enfants australiens âgés de 9 à 15 ans, et à faire passer un oral de français aux adolescents de 16 à 18 ans. Lors de cette expérience, j’ai beaucoup appris sur la société australienne, bien plus que je ne l’aurai imaginé.
Une expérience enrichissante
Entre les mois de mai et d’août 2013, je me suis rendue dans une douzaine d’écoles de la région de Melbourne (en particulier de l’est et du nord de la ville), et j’ai écouté environ 500 élèves. Je me suis d’abord rendue compte à quel point la langue française est populaire dans les écoles australiennes, où elle est souvent la première langue choisie. En Australie, on n’apprend pas l’espagnol, peu l’allemand, mais on apprend beaucoup de langues asiatiques telles que le chinois, l’indonésien et le japonais. La situation géographique de l’Australie et le profil de son immigration expliquent bien sûr les différences avec la France.
En écoutant les plus jeunes réciter de la poésie souvent de façon quasi parfaite dans une langue étrangère, j’ai songé aux jeunes élèves français et à leur capacité à retenir aussi bien en anglais. Aïe, je crois qu’on est derrière sur ce coup-là. Du côté des élèves de 1ère et de Terminale, à qui j’ai fait passé le bac blanc de français en quelque sorte (ici appelé le VCE), j’ai pu avoir 10 minutes de conversation avec chacun d’entre eux, et souvent d’une qualité étonnante.
Et surtout, de manière générale, les enfants m’ont semblée, à moi et aux autres examinateurs non habitués, particulièrement bien élevés. Je m’attendais à tomber sur des petits rebelles en pleine crise d’adolescence au moment d’interroger des enfants de 14 ans, mais il n’en fut rien. La discipline semble être une notion importante dans les écoles australiennes, où tout semble en général sous contrôle.
Un système éducatif bien différent du nôtre
Ici bien sûr, le système éducatif est un peu différent. On ne parle pas de CP, de 3ème ou de terminale, mais de Year 1 jusqu’au Year 12, le year 1 correspondant au CP et le Year 12 à la terminale. Avant cela, les enfants vont au Kindergarten et à la Primary School. En général, les enfants commencent l’école à 8h30 et terminent à 15h, ce qui nous semble bien tôt à nous Français. Leurs grandes vacances se déroulent de fin décembre à début février et sont donc plus courtes que les nôtres. Mais les petits Australiens disposent également de deux semaines en avril, en juillet et en septembre/octobre.
Tout au long de leur scolarité, les élèves portent un uniforme, parfois même dans le public. Si une école publique coûtent environ 1000 dollars, une école privée (le plus souvent non-mixte) peut coûter 25 000 dollars l’année. Imaginez payer cette somme tous les ans pour chacun de vos enfants… C’est pourquoi les parents sont très impliqués dans l’éducation de leurs enfants et ont leur mot à dire sur tout ce qui se passe à l’école.
En France, on s’imagine avoir l’un des meilleurs systèmes d’éducation au monde, et si ce n’était pas le cas ? Je pense qu’on peut soutenir cette thèse du point de vue de la gratuité de l’école. En France, d’où que l’on vienne, on peut aller à l’école et même à l’Université, sans trop de frais. Et ça, il faut le reconnaître, ça n’a pas de prix. Car ici, étudier à l’Université, c’est-à-dire étudier une dizaine d’heure par semaine, cela coûte plus d’une dizaine de milliers de dollars. Mais cela ne choque que nous !
Outre le prix des études, le contenu m’a semblée également très particulier. En années 11 et 12, c’est-à-dire en 1ère et Terminale, les élèves apprennent 5 ou 6 matières, et la seule obligatoire est l’anglais. Le reste, c’est complètement à la carte. Un élève peut choisir de n’étudier que des sciences, ou que des études littéraires, ou un mix des deux, ou encore des matières plus modernes telles que les médias, la cuisine, la psychologie ou les arts graphiques… Après avoir discuté avec bon nombre d’entre eux, je crois que ce système permet aux lycéens d’être amenés à faire ce qu’ils aiment dès l’école, mais aussi de mieux savoir ce qu’ils voudraient faire plus tard que les élèves français.
Enfin, les relations entre les professeurs et les élèves ne sont pas tout à fait comme chez nous. L’éducation n’est pas source de compétition comme en France. Ici pas de mauvaises notes, pas de remontrances, pas de redoublement. On ne descend jamais un élève s’il n’est pas bon, on lui dira toujours que c’est bien, dans l’idée de toujours le garder motivé. Les enfants ayant étudié dans les deux pays m’ont dit combien ils préféraient l’école australienne de ce point de vue ! Ce système est bien sûr discutable, mais je pense qu’il laisse davantage sa place à tous, qu’on soit intelligent ou non, matheux ou manuel. Ici, tous les métiers sont respectés et on ne privilégie pas que les élites. Et ça, ça me paraît évidemment plus sain. Par conséquent, il y a moins de classes dans la société et plus de mélanges.
L’importance de la culture française en Australie
On ne s’imaginait pas avant de venir à quel point la France et la langue française étaient importants en Australie. Je me souviens rarement avoir rencontré d’Australiens n’ayant jamais visité la France. Et pourtant, c’est le bout du monde ! Combien connaissez-vous de Français ayant visité l’Australie ? Quelques uns et de plus en plus, certes, mais pas autant que l’inverse, je vous assure. Il y a plusieurs raisons à cela.
Il semblerait d’une part que la plupart des familles australiennes aient suffisamment d’argent pour voyager. D’autre part, beaucoup d’Australiens sont originaires d’Europe, ou à défaut leurs parents ou leurs conjoints, du coup, ils sont souvent amenés à visiter l’Europe, en particulier le Royaume-Uni. Mais, puisque pour l’Europe est petite comparée à leur seul pays, cela ne leur fait pas peur de faire un petit tour d’Europe en 2-3 semaines. Et à coup sûr, ils passeront par la France, avec au minimum un séjour Paris et une escale aux Châteaux de la Loire.
Du côté des jeunes, j’ai remarqué combien il était d’usage de prendre une année sabbatique juste après le bac. La plupart d’entre eux ne manqueront pas de passer par l’Europe au cours de leur voyage. Peut-être que nos jeunes devraient en faire autant, s’ils ont le porte-monnaie suffisant, bien sûr…
Et vous, que pensez-vous du modèle australien ?
Un commentaire
bonjour Adèle, je suis actuellement expat à Canberra et envisage un master a distance en sciences de l’éducation.
votre experience pourrait m’être très utile, serait il possible d’avoir votre contact si j’ai des questions précises?
en vous remerciant
Stephanie