Nous avons quitté le pays le 19 septembre 2011, il y a deux ans déjà. Comme vous l’imaginez peut-être, beaucoup de sentiments nous sont passés par la tête depuis. Heureux au départ, angoissés ensuite, trop souvent en tête-à-tête, désireux de rentrer parfois. Mais, avant tout, l’impression de vivre une étape importante de notre vie subsiste en nous depuis le premier jour.
Vie sociale : les compteurs à zéro
Quand on voyage un an et qu’on doit reprendre une vie normale, on se satisfait de devoir le faire dans un nouveau pays, une nouvelle ville. C’est encore un peu des vacances en quelque sorte, puisque tout est nouveau et tout reste à découvrir. Mais ce sentiment de vacances ne dure pas éternellement, évidemment. La vie d’expatriés va avec son lot de désagréments, comme dans notre cas les problèmes de visas par exemple, la difficulté à trouver un travail dans sa branche, « comme avant », la distance avec les proches (en particulier en Australie, on est si loin de tout !), la difficulté de se refaire un cercle d’amis.
Car des connaissances il est facile d’en avoir, nous rencontrons de nouvelles personnes sans cesse, mais en tant qu’expatriés on est souvent amenés à rencontrer d’autres Français, ou d’autres nationalités, bref des gens plus ou moins de passage. Si bien que souvent on s’attache à peine qu’on doit déjà dire au revoir. Et puis quand on s’expatrie en couple, on a déjà son cocon et on est probablement moins amenés à rencontrer du monde que ceux qui sont venus seuls. Le même constat peut être fait sur le voyage.
A chaque fois que l’on sort ou presque, on reprend à zéro et on raconte notre expérience depuis le départ, ce qui peut avoir un côté lassant il faut le dire ! Outre cet aspect, on a l’avantage de ne pas se sentir enfermés dans un cercle et de faire des rencontres intéressantes tout le temps.
Nostalgie quand tu nous tiens
Dans les périodes difficiles, je crois qu’il est naturel de penser à la France, notre pays, nos familles, nos amis et de se demander ce qu’on fout là. Pour moi, cette phase est plutôt rare ou très brève car je suis contente d’être expatriée, ici, du moins pour le moment. Et surtout, je n’aimerais pas mettre fin à cette expérience sur une mauvaise note, sur des difficultés d’intégration par exemple. J’aimerais tourner la page le jour où le besoin de changement se fera sentir, le jour où on l’aura vraiment décidé pour de bonnes raisons (voyager à nouveau, s’installer ailleurs, rentrer…).
Il faut bien l’avouer, il serait plus facile pour nous de s’expatrier dans un pays plus proche du nôtre, en Europe par exemple, ou en Amérique du Nord. Car, il ne faut pas rêver, la distance implique qu’on visite rarement les siens et que ces derniers ne nous visitent jamais, ou presque. C’est sûrement la principale raison qui nous amène à nous dire qu’on ne vivra probablement pas ici plus de 5 ans. Bien sûr, on peut toujours changer d’avis.
Un chapitre après l’autre
L’autre raison, c’est que Pierre et moi avons encore tellement de choses à voir sur la planète, tellement d’autres expériences à vivre. Oui, voyager longtemps, s’expatrier, ça donne généralement la bougeotte. Pour nous, vivre au même endroit et faire la même chose toute notre vie n’est pas envisageable, ce temps là est révolu à notre avis. On a besoin de voir notre vie comme des chapitres, Caen, Nantes, Paris, un an de voyage, Melbourne, d’autres voyages, d’autres villes.
La vie ne nous semblerait pas suffisamment intéressante autrement. Car s’expatrier, pour nous, c’est un vrai challenge. On en apprend littéralement tous les jours, que ce soit du point de vue purement linguistique, sur la société australienne, ou sur nous-même. C’est aussi la multiplication d’expériences (voyages, expatriation) qui nous permettra de savoir ce qu’on veut vraiment faire de notre vie, au bout du compte. Continuer dans nos métiers respectifs, monter un projet ou simplement voyager ? Et un jour peut-être, on en aura marre du changement, qui sait.
Autre chose : on a remarqué, même si les avis divergent à ce sujet, qu’on se sent peut-être plus Français hors de France qu’on ne l’est sur place. On se surprend à défendre notre culture, notre bouffe, notre pays quoi. Toutes ces petites choses qui nous énervaient en partant sont vite oubliées, d’où l’importance de prendre du recul. Car, à la longue, on n’apprécie plus vraiment ce que l’on a. Alors, peut-être que le retour au pays nous enchantera, peut-être qu’il nous déprimera, probablement un peu des deux ; qui vivra verra.
6 commentaires
Y a pas idée d’aller s’expat’ si loin hein, on se demande qui pourrait bien avoir envie de vous rendre visite !!!??
See you soon downunder…
Bonjour,
j’ai beaucoup aimé votre texte, je partage tout à fait ces sentiments.
Je partage le lien sur ma page.
Bonne continuation
Pingback : Après les premiers coups de blues…les vacances | Escale au Moyen Orient
Bonjour Déborah, merci pour ton message et pour le partage. J’ai fait un tour sur ton blog et je le trouve très intéressant, ton expérience est très différente de la nôtre ceci dit, avec enfants et toutes les complications qui vont avec 😀 Bonne chance !
Joli ce blog ça fait vraiment du bien de lire des articles écrit avec talent
Bel article, bien rédigé et bien structuré. Merci pour cette savoureuse lecture.