Ce week-end, pour l’un de mes derniers en Bulgarie, j’ai emmené Adèle au cœur du pays pour un week-end en amoureux. Mon patron m’a accordé mon vendredi, ce qui donne tout de même le temps de voir pas mal de choses (n’oublions pas que la Bulgarie est 5 fois plus petite que la France). Au programme : Plovdiv (deuxième ville du pays), Koprivshtitsa (village typique au centre du pays dans les balkans), voire Rhodopes et Pomporovo. Nous partons donc vendredi matin de bonne heure et de bonne humeur pour rejoindre Plovdiv en bus, et c’est le début d’une énième aventure…
Le départ de Sofia
Chaque jour, il y a des bus toutes les heures voir toutes les demi heures entre Sofia et Plovdiv ; les deux villes sont les deux principales du pays et elles sont reliées par un autoroute de qualité, 2 heures suffisent donc.
L’anecdote de bon matin
Nous décidons de prendre le bus de 10h30, qui arrivera donc dans les alentours de midi. Direction la gare centrale de Sofia, évidemment… En tramway. Et joie inestimable : des contrôleurs !!! Vite, sortir les billets de la poche, composter sans être vus et c’est bon, pas repérés, incroyable autour de trois contrôleurs mais bon… Oui mais voilà, nous achetons les billets par groupes de 5 (on appelle cela un « talon » ici), et nous compostons 2 billets d’un même talon, un chacun. Le contrôleur prend mon billet impeccable, celui d’Adèle… Et là il tique, on ne comprend pas pourquoi. Il nous fait descendre avec son collègue, et répète une dizaine de fois « edin tchovek » ; nous lui répondons une dizaine de fois « ne rasbiram » (je ne comprends pas). Bien évidemment, comme un très grand nombre de bulgares, aucun des deux contrôleurs ne parle anglais… Et ceux-là n’étaient ni dotés de jugeote (pour répéter 20 fois exactement la même chose à des gens qui ne comprennent pas faut quand même être sacrément c**), ni encore moins de compréhension. Une fois que cette brave personne a fini de dépenser sa salive pour rien, il finit par nous dire : « pet leva ». En gros : « paye une amende ». Donc moi je dis « Né ! », ça va pas !!! Mais ils veulent pas nous lâcher, même si on commence à partir. Pas question de payer, on a composté nos tickets. Il commence à se faire tard, il est 10h25 et le bus part à 10h30, il ne veut pas nous lâcher et parle maintenant de police !! Pas le temps de discuter pour 5 leva (2,5 euros), on lui balance dans la figure et on s’en va… Incroyable !
Nous comprendrons beaucoup plus tard que tchovek veut dire « homme, personne », et que donc ces fameux talons étaient pour une personne. Nous n’aurions donc pas dû prendre 2 tickets d’un même talon. Adèle aurait pris sur un autre talon (on en avait plusieurs), on aurait pas payé plus cher à la base, mais on nous aurait pas foutu d’amende : voilà résumée la logique bulgare !!! Tout est là ! Tout le temps des trucs illogiques (faut croire que ça ne l’est pas ici), mais c’est comme ça ! Le plus rageant c’est ce qui suit : personne ne vous dit qu’un talon c’est pour une personne, c’est marqué absolument nul part, et encore moins en anglais. Bref… Encore une belle anecdote ! Revenons à nos moutons…
Arrivée à la gare routière de Plovdiv
Nous parvenons à temps pour prendre notre bus ; 2 heures plus tard, nous sommes à une des trois gares routières de Plovdiv : la gare Sever. Celle-ci dessert généralement le nord du pays, la gare centrale, la plus grande, dessert surtout Sofia la côte et le sud. Enfin la gare « Rodopi » ne s’occupe exclusivement que des Rhodopes (situés au sud de la ville). Dans le bus, nous décidons finalement d’aller dans les Rhodopes, vers Pomporovo. Nous ferons le chemin retour probablement le lendemain, pour visiter le monastère de Bachkovo et la vieille ville de Plovdiv.
Nous nous rendons donc à la gare « Rodopi », dont on a eu le plus grand mal à trouver. Une pause s’impose… Et là, c’est parti pour presque deux heures de bus au milieu des montagnes.
Pomporovo et les Rhodopes
Pendant ces deux heures de voyage, un paysage magnifique de bout en bout.
Nous passons devant cascades, ruisseaux, et autres merveilles ; malheureusement il est très difficile de prendre des photos dans le bus ! Sur la route également, nous traversons le village de Bachkovo et son célèbre monastère, que nous visiterons au retour. Nous passons également par Tchepélaré, ville tournée sur l’industrie du bois.
Et là, « l’effet Bulgarie » comme nous l’appelons prend tout son sens ; des paysages sublimes, bien souvent défigurés par les constructions délabrées. Voila donc ce que l’on peut appeler un « cliché bulgare ».
De plus, cette zone a été fortement endommagée par les intempéries de cet été, et on ne peut que constater les dégâts : sur la route menant à Pomporovo et Smolian, d’immenses arbres déracinés tombés sur la route, des pylônes électriques, la route déformée… Un paysage de chaos. Là-bas, on a la tête à la reconstruction, pas à l’accueil de touristes : c’est ce que nous constaterons à nos dépends.
Pomporovo
16 heures, après 2 heures de bus nous arrivons à Pomporovo. Cette ville est en fait une station de ski, avec bon nombre de chalets et une nature sublime ; cette région des Rhodopes est vraiment un endroit à visiter. Pomporovo est donc une jolie station, voici la plus belle photo du village :
Cependant dès notre arrivée un étrange sentiment de « vide » nous envahit, comme si des fantômes habitaient désormais le village. Les gens regardent de travers et l’été ne semble pas être très touristique ici. Voir des touristes est donc peut-être un peu étonnant pour eux, en cette période de reconstruction.
L’accueil bulgare dans toute sa splendeur
Sur les conseils d’un de mes collègues, nous voulons rester un peu et nous nous rendons dans un hôtel soit disant bien et pas cher pour éventuellement passer la nuit : l’hôtel de la BTN (Television Nationale Bulgare). Après 1,2 km de marche, nous entrons dans l’hôtel, et nous sommes reçus comme nous ne l’avons jamais été. En 21 ans, je n’ai personnellement jamais vu un accueil aussi glacial. On entre, la « dame » nous regarde avec des yeux ronds, comme si elle avait deux martiens en face d’elle. Elle fini au bout de 20 secondes par se lever de son siège et de sa télé pour nous parler (enfin… Pour nous « écouter »). J’essaie de lui faire comprendre que l’on veut une chambre pour la nuit, rien à faire, elle n’a pas envie de comprendre (après tout, qu’est ce qu’on peut bien demander dans un hôtel ?). « Né rasbiram » d’un air dédaigneux, c’est tout ce qu’elle voudra bien nous dire. Vu l’accueil, le village digne d’un western dans les montagnes, nous décidons de retourner vers Plovdiv, en s’arrêtant par le monastère de Bachkovo.
Le monastère de Bachkovo
Après toutes ces péripéties, nous arrivons à Bachkovo vers 18h30. Ce monastère est important dans le cœur des bulgares, et a une histoire très ancienne. Le problème, comme vous vous en doutez, dans un monastère… On ne se couche pas à 4 heures du matin après avoir bu des bières toute la soirée. Ici, c’est couvre feu à 20h30, et nous arrivons un peu tard pour tout visiter (même si le monastère est tout de même assez petit). Nous parvenons tout de même à entrer et visiter l’église à l’intérieur. Vous n’aurez pas de photos, tout simplement parce que… C’est interdit. Voici tout de même la vue du potager.
Nous sommes honnêtement assez déçus compte-tenu des 3 étoiles (incontournable) données à cet endroit par le Guide Vert (Michelin pour ne pas citer de nom). En Bulgarie, très peu d’endroit ont 3 étoiles, parmi eux Rila et Plovdiv. Mais honnêtement, il n’y a pas de comparaison possible entre le monastère de Rila et celui-ci, ni entre ce site et la vieille ville de Plovdiv, ni même entre Bachkovo et Veliko Ternovo, qui n’a pourtant que 2 étoiles… Comme quoi il faut faire attention aux guides, le routard n’est pas forcément toujours mieux.
Nous nous disons finalement que tout cela n’est que parce que nous ne sommes pas restés assez longtemps et voulons donc dormir ici pour pouvoir mieux visiter. Nous allons à l’hôtel, cette fois-ci accueil plus chaleureux, mais plus de place. Nous devons donc rentrer à Plovdiv.
Le dernier bus pour Plovdiv semble être passé, et les taxis « requins » attendent les touristes à l’arrêt. Sitôt arrivés nous nous faisons interpeller par un taxi, ayant cru voir en nous l’âme de pigeon… Il nous propose 15 leva pour rentrer (7,5 euros), oui mais voila je vis ici depuis 2 mois et demi et je sais que ce prix… c’est du vol. Nous refusons, et alors un monsieur très gentil ayant entendu la conversation vient nous voir, rigole de voir à quel point les taxis peuvent être rapaces. Il nous propose de nous ramener à Plovdiv avec une grand mère dans le même cas que nous pour… 3 leva chacun. Deal un peu plus correct, on a divisé le prix par 2,5. Quelques 20 minutes plus tard, nous arrivons à Plovdiv, il est 20h. Il nous faut maintenant trouver un hôtel, et ça… C’est dans l’épisode II !